mardi 10 avril 2012

Brèves d’Issy et d’ailleurs…



vendredi…

On a beau dire… Le temps ça compte.
Ciel gris ce matin encore. Ciel froid aussi. Brrrr...
Moi qui pensais me refugier une heure dans mon canapé, faire mon gâteau pour demain (nous sommes invités chez des amis à déjeuner…), faire quelques clics sur mon ordinateur…, me détendre à ma façon… Bé non !  Raté ! Je vais devoir m’engouffrer dans le métro, puis attraper un bus pour me rendre à Curie pour ponctionner une dernière (je l’espère) petite collection de lymphe encore logée sous mon bras suite à mon intervention chirurgicale.

14h, je prends un café comme prévu avec l’une de mes cousines. Papoti, papota, papotons…

15h30, je suis à Curie où l’interne de service hésite à me ponctionner. Finalement elle me ponctionne sans grands résultats. Je souffre surtout d’un œdème sans gravité. La ponction me fait mal. Fatiguée, je rentre chez moi en taxi. En chemin on croise des manifestants. Ca créé des embouteillages sur les quais et aussi du bruit. Je suis fatiguée mais la vie continue partout dans la rue. Comme avant. Comme d’habitude.

18h30, je prépare mon fameux gâteau au chocolat avec ma fille. Elle se lèche déjà les babines mais lèche aussi chacun des plats qui servent à la préparation… C’est un moment délicieux. 

20h30 la nuit approche. J’endors ma fille avec une promesse : demain, avec d’autres enfants, elle ira chasser les œufs de Pâques dans le jardin de nos amis. Elle sourit puis ferme les yeux…

Plus tard,  j’en m’endors dans les bras de mon chéri.

Encore plus tard, je reprends du paracétamol. J’ai un peu mal au bras. Je me demande pourquoi je dois supporter tout ça. Ce traitement. Cette ma maladie. Cette épreuve. Pourquoi, là tout de suite, je ne peux pas me retourner comme je le voudrais dans mon lit ? Enlacer mon chéri ? Me rendormir calmement.
Hélas, pendant quelques nuits encore, je dois dormir sur le dos, seule position supportable. Flute, crotte, zut, d’habitude je dors sur le ventre…

samedi…

Il fait toujours gris et pas bien chaud mais je sais que nous allons passer une bonne journée chez nos amis. Ce projet me rend heureuse. Nous serons une quinzaine. Il y aura des enfants, des bons plats, des œufs en chocolat (!)

Chez les amis... Je ne me trompe pas. Nous passons un très bon moment. Nous parlons de nous, de l’actualité, de nous,  des enfants, de tout, de rien…c’est bien.
Ma fille quitte la grande table, puis revient, puis repart. Tous les autres enfants font pareil. Aucun n’a le même âge mais tous s’amusent, sautent sur les marches des escaliers, enjambent des barrières imaginaires, sourient, rigolent… pendant que nous, les GRANDS, continuions à bavarder, à manger des gâteaux, à boire du café.
J’aime bien cette journée. Elle me rappelle mon enfance, ces jours de fête où je me sentais libre de jouer, d'aller et venir, de picorer des bouts de gâteaux pendant que les « adultes » trainaient à table. A cette époque, je pensais d'ailleurs que ça ne devait pas être bien drôle d’être GRAND, précisément parce qu'on ne pouvait pas quitter la table, pas s’amuser autant !!
Aujourd’hui, j’aime être assise à la table des grands, observer les enfants qui s’amusent. Je revisite mon enfance. Ma fille a l'air heureuse. Alors je le suis encore plus. 
Je savoure cette journée. J’oublie ma mauvaise nuit.  

J’ai envie de remercier mes amis mais je ne veux pas en faire trop non plus.
Je pense aussi à mon chéri. Je l’aime encore plus fort.

dimanche…

Journée calme. Invitée à déjeuner et à passer l’après midi chez une amie, ma fille est occupée. Libres, mon chéri et moi allons faire un tour dehors, quelques courses, puis nous enfonçons dans le canapé pour suivre un film sur l'écran plat. Je suis un peu fatiguée.
Le soir petit dinette tous ensemble, puis, comme y’a pas école, j’autorise ma fille à regarder un Walt Disney à la télé. Nous sommes toutes les deux blotties l'une contre l’autre.

lundi...

Férié ou non, mon chéri travaille ce matin. Il s'extirpe du lit à 3h et file à la radio. Il rentre vers 8h30 puis se réfugie aussi sec sous la couette...
Pendant son second sommeil ma fille et moi nous occupons avant d’aller déjeuner tous ensemble chez chez P. et M., des cousins que j’aime beaucoup.
Le ciel est toujours gris, la pluie pas loin, mais il y a encore des œufs cachés dans le jardin… Chouette !!

encore des oeufs ! encore des oeufs !!

L’après midi passe vite. Nous nous sentons bien. P. a fait du feu dans la cheminée. Je prends des forces. 


P a fait du feu...j'adore !

19h, après un passage éclair chez un ami sur le chemin du retour pour déposer un DVD, nous rentrons. Diner sur le pouce et tout le monde au lit !! Enfin, mon chéri et moi suivons la finale de TOP CHEF !! Lovée contre mon chéri je me ressource et me détends. Les programmes télés ont parfois des vertus antalgiques. Surtout en fin de journée !!



en vrac...

Au fond de moi je me sens toujours assez fragile.
Je m’observe, fais des sortes de minis bilans : les plus, les moins.
Mes cheveux repoussent tout doucement, ça c'est bien.
J'ai toujours les yeux qui pleurent,  ça c'est moins bien. 
Je sens quelques douleurs dans mon bras mais je cicatrice bien, ça c'est pas mal...

Lorsque j’étais à l’hôpital je me sentais meurtrie, abimée, secouée.
En me regardant dans la glace, j’essais maintenant de me réconcilier avec mon corps et de faire confiance au temps. Je sais que cette opération a été bonne pour moi. Pour ma guérison. Je sais que j’ai de la chance d’avoir pu conserver mon sein.
Quel traumatisme ce doit être pour les femmes auxquelles on l’ôte entièrement.

J’attends maintenant mi-avril pour connaître la suite exacte de mon traitement. Six moins ont passé et je n'en reviens toujours pas d'avoir eu ce cancer en moi. Ca n'est pas moi. Pas à moi. Il faut qu'il s'en aille vite et disparaisse à tout jamais. 

Bonne journée,

CC

Ps : bientôt les anecdotes promises…

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