vendredi 6 juillet 2012

« Les gens du 5e ! »


la Bonbonnière...

J’ai passé plusieurs années de ma vie dans le 5e arrondissement de Paris, entre 20 et 40 ans.
Je n’y étais pas tout le temps mais souvent. J’avais rue Gay-Lussac, un studio très haut de plafond avec une mezzanine que j’habitais, où que je louais, en fonction des périodes de ma vie.

Etrangement, ce studio était (est toujours) situé juste en face de l’Institut Curie où je me fais soigner actuellement. Autant dire que je connais ce quartier comme ma poche ! C’est aussi là que ma fille est née ! C'est vous dire si j'y ai vécu quelques uns de mes plus beaux moments...

Alors quand je suis tombée « malade » et que j’ai du revenir très régulièrement dans le quartier pour me traiter, le 5e est redevenu pour moi une sorte de « petit cocon » avec un décors familier et des « gens » bons pour moi. Bienveillants. Des gens avec lesquels j’avais tissé des liens plus forts encore que je ne le croyais.

Les gens du 5e ....


le sourire d'Odette...

D’abord il y a Odette.
Quand j’ai dit à Odette que j’étais « malade », Odette a pleuré. Quand j’ai dit à Odette que j’allais mieux, que j’étais en voie de guérison, Odette a pleuré.
Quand j’ai dit à Odette que je voulais mettre une photo d’elle sur mon « blog », Odette était très émue (même si elle ne le lira jamais car elle ne va jamais sur Internet)… et, elle encore pleuré. Pourtant, Odette pleure rarement. Odette travaille tout le temps, même le samedi, même le lundi, même certains jours fériés. Odette ne ferme son café que le dimanche. Et si on regarde bien à travers les grilles, elle en profite pour faire un gros ménage.  
Odette a un mari, des enfants et des petits enfants. Mais les petits enfants, elle s’en occupera quand elle sera à la retraite. Odette a toujours dit ça. Et quand Odette dit quelque chose, elle le fait !
Odette fait des omelettes et des croque-monsieur trop bons ! Odette cuisine sur une toute petite cuisinière à gaz, comme au camping, mais elle sort ses 40 couverts tous les jours !
Nelly, la serveuse l’aide beaucoup, et Jacky, son mari, fait les courses à Rungis ou chez Metro.
Odette est toujours souriante.
Odette connaît des morceaux de vie de chacun de ses clients mais elle reste discrète.

Moi, j’ai pu confier beaucoup de choses à Odette. D’abord mes clefs, mais aussi mes joies, mes peines. Je ne lui disais pas toujours pourquoi j’avais du chagrin, mais elle était là. Elle me servait mon petit crème ou mon jus d’orange pressé et avec un clin d’œil ajoutait : « Allez courage ma p’tite Caro, ça va aller »…
Dans son café, Odette a un petit carnet derrière son bar. Et dans son carnet Odette à une photo de moi enceinte jusqu’au cou ! Elle a aussi une photo de ma fille bébé.
Quand j’ai accouché Odette a pleuré. Odette aime beaucoup ma fille. Elle a toujours eu des attentions pour elle.
Son café s’appelle la « Bonbonnière » et au-dessus du frigo il y une grosse bonbonnière en verre avec des bonbons kréma.
Maintenant, quand je passe, avant ou après mes traitements Odette m’oblige toujours à prendre trois bonbons pour ma fille. Trois rouges : un à la fraise, un à la cerise, un dernier à la framboise…
J’aime beaucoup Odette. Ma fille aime beaucoup ses bonbons !

Et puis il y à Pascal, le coiffeur.
Quand pascal a su que j’étais « malade », il a dit : "t’inquiète pas pour tes cheveux, dès que tu en auras envie ou besoin, passe me voir, je m’occuperai de toi". Et il m’a fait un gros bisous et a payé mon café au comptoir. J’étais super touchée.

Et puis il y a Pascale, la fleuriste.
J’adore sa boutique, les couleurs, les fleurs, les matières, elle a un goût extraordinaire.
Quand j’ai dit à Pascale que j’étais « malade » car elle s’étonnait de me voir aussi souvent repasser dans le quartier, Pascale a pleuré. Elle a pleuré, et je sais pourquoi, mais je ne vous le dirai pas. Mais elle m’a tout de suite dit : « je ne devrai pas pleurer mais tu sais pourquoi je pleure…et non, hein, Caro, faut pas penser à ça. Je suis sûre que tu vas guérir ». Et puis elle a ajouté : «  Si un jour tu as le cafard, et aussi un peu de temps, vient travailler avec moi quelques heures au magasin. Tu verras, les fleurs ça te fera du bien, elles te consoleront ! ». Je ne m’attendais pas à cette invitation. Je n’y ai pas encore répondu, je le regrette, mais j’ai trouvé ses mots très beaux.

Voilà, il y a aussi le pompiste, le p’tit portugais qui tient l’épicerie du coin ouverte plus tard que tard, le boulanger, Tatou qui a gardé ma fille à la sortie de la maternelle pendant un an, la pédiatre, des habitants du quartier que je reconnais dès qu’ils sortent d’un porche…

Il y aussi le jardin du Luxembourg et le jardin des Plantes où j’aime tant me promener et continuer à accumuler les souvenirs…


Vive les « gens du 5e » !

CC

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