vendredi 13 juillet 2012

Les p'tits départs...




Dans la vie il y a les grands départs. Les départs de ceux qui partent loin, bien trop loin pour espérer les rejoindre, les toucher, leur parler… Certains partent sur la pointe des pieds avec ou sans adieux. D’autres quittent les lieux avec fracas, dans la colère ou sans crier gare. Le plus souvent ils partent pour longtemps. Parfois ils reviennent, parfois non.
Dans tous les cas, la vie sans eux est très différente de la vie avec eux.

Il y a les grand départs mais il y a aussi les p’tits départs. Et de ceux là on parle peu. Pourtant…

Ce matin j’ai croisé l’un de mes voisins dans l’ascenseur. Sur le coup j’ai pensé qu’il partait en vacances. Il était assez chargé, deux grosses valises à la main. Mais non. Perdu. Il quittait définitivement la résidence. Il quittait la région parisienne. Il déménageait. Il partait pour Evian. Il entamait une nouvelle tranche de vie. Il semblait ému.


extrait de notre dialogue dans l’ascenseur…

Très vite il engage la conversation.
- Vous savez on ne se reverra plus. Je déménage. L’appartement est vendu ! Tous les cartons sont déjà dans un camion parti hier. Et moi, j’ai plus que ces deux valises à mettre dans ma voiture et je quitte ici pour Evian. Je suis content et triste à la fois. J'aimais bien ici..."
Ma fille le regarde l’air béate. Puis elle ajoute :
-       - Ca veut dire que je ne reverrai plus ton chien !? 
-       - Non, tu ne le verras plus, sauf si tu viens me voir à Evian. Tu sais où c’est Evian ? Juste en face d’un très joli lac !
-       - Ah !? Oui… j’aimerai bien revoir ton chien. Et aussi le lac.

La conversation se poursuit dans le parking. Une conversation banale et sincère. Mais il temps de partir. Je dois conduire ma fille avant 9h au centre aéré et j'ai rendez-vous à 9h30 dans Paris pour une échographie. 

L’homme du 4e étage ne résiste pas à l’envie d’embrasser ma fille sur les deux joues tout en m’adressant un regard appuyé. Il semble de plus en plus ému.

Je croisais ce monsieur (surement un jeune retraité) quasiment tous les jours. Il sortait son chien quand j’accompagnais ma fille à l’école. Il avait toujours un mot aimable, un sourire. Ni plus ni moins. Je ne connaissais rien de lui. Il habitait au 4e, moi au 1er.

La relation n’a rien à voir avec nos voisins de paliers, retraités eux aussi, qui viennent nourrir notre chat quand on part une semaine, nous demander d’arroser leur cactus lorsqu’ ils partent à leur tour, sonnent à notre porte chaque hiver pour déposer un petit cadeau de la part du père Noël pour ma fille.

Non, du Monsieur du 4e je ne savais rien. 
J’apprends juste aujourd’hui qu’il part à Evian. 
J’ai presque envie d’aller voir sur une carte où se trouve très précisément Evian !

Un dernier salut puis nous montons tous à bord dans nos voitures respectives.
En passant la grille, lui file sur la droite et moi sur la gauche.
Je me demande alors de quelle manière cet homme a compté pour moi et pour ma fille ? Quelles traces il laissera dans nos vies ?
Que ressent-il au moment où il quitte définitivement une période de sa vie...

Petits ou grands, les changements même préparés semblent toujours un peu brusques au moment où ils se produisent. Il y a comme un mouvement dans l’air qui nous brasse et nous interroge.

Finalement, dire « Bonjour », parler du beau et mauvais temps, ça n’est pas anodin. C’est nouer un lien.

Ce Monsieur et son chien vont nous manquer. 

Preuve une fois de plus que la vie est ici et maintenant. Qu'il faut vivre chaque instant. Qu'il faut prendre la photo ni trop tôt ni trop tard. La vie est un art et nous de simples apprentis. 


CC

Ps : on a fêté l’anniversaire de mon chéri le we dernier, moitié sous la pluie, moitié sous le soleil. C’était en famille, dans une petite maison de campagne toute simple, toute belle, comme on les aime…. feux de bois, grillades, envol de cerf-volant, jeux de ballons dans le jardin, rires des enfants, projection de vieilles diapositives (années 70) sur un drap blanc déroulé sur une armoire bretonne, un gros gâteau et des cadeaux… C’était bien.
Un grand merci (car c’était une surprise) à tous ceux qui se sont investis pour préparer cette super fête.

Ps2 : Côté santé, j’entame une période de convalescence.
Mais entre mes rendez-vous chez la kiné, la gynécologue, mon médecin traitant, les prises de sang, les différentes échographies indispensables quand on commence l’hormonothérapie, l’acupuncteur, mes anticorps en mode chimio à Curie, mes nombreux passages à la pharmacie pour me remonter en fer, en vitamine D. me crémer trois fois par jour après la radiothérapie, etc…j’ai encore l’impression de passer ma vie chez les médecins ou à l’hôpital. L’agenda devrait être plus calme au mois d’août. Incroyable mais vrai !!

1 commentaire:

  1. oui c'est vrai ne rien laisser passer
    tous les moments
    toutes les minutes sont à savourer
    sans jamais laisser la place à quelque polluant inutile
    la vie est là

    entre nos deux mains
    un moment d'inattention peut nous le faire oublier
    à chaque moment
    à chaque minute
    je t'embrasse

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